I love you, moi non plus !

Dans un article de notre magazine touristique Repor’terre d’Opale intitulé le « Boulonnais et l’Angleterre, I love you moi non plus !» nous disions que français et anglais étaient deux peuples séparés par un tout petit bras de mer et par un océan d’incompréhension. Nous poursuivions en écrivant que s’il existait en revanche une région qui les connait bien ces anglais, car depuis des siècles elle les observe, les craint, les admire, les provoque, les combat, les accueille et souvent s’en inspire …  C’est le Boulonnais !

Revivons ensemble quelques épisodes marquant de 1000 ans de mésentente cordiale et d’admiration réciproque

On utilise parfois une expression toute faite de ce côté-ci du Chanel pour désigner l’Angleterre, on la nomme Albion, (certains ajoutent même parfois « perfide »). Boulogne il faut le rappeler est une ville d’origine romaine et Albion fait référence à la blancheur des falaises d’Angleterre qu’on aperçoit tellement bien d’ici et que les romains convoitaient. 
Albus en latin signifie « blanc » et va tout naturellement donner Albion
Albion était également dans la mythologie le fils de Neptune, réputé sous l’Antiquité romaine vivre là-bas de l’autre côté de la mer dans l’île bretonne. 

On sait les anglais très doués pour les mariages et en particuliers les mariages royaux. Un des plus fastueux mariages royal de l’histoire s’est tenu à Boulogne, en l’église Sainte Marie ( aujourd’hui Notre-Dame ) qui au passage n’était pas encore cathédrale, il unissait en 1308 la fille du roi de France, Isabelle, au roi d’Angleterre Edouard II.  

Jamais mariage ne fut célébré de manière aussi pompeuse, nous disent les chroniqueurs et jamais l’église ne se vit remplie à la fois d’autant de rois et de princes. 
Isabelle arrive aux bras de son père, sa majesté le roi Philippe le Bel, accompagnée entre autres des ducs de Bourgogne, des ducs de Bretagne, du roi de Sicile, du roi de Germanie. Edouard d’Angleterre lui est escorté par la reine mère et toute la cour venue de Londres. 
Les célébrations vont durer une semaine entière dans la ville entièrement pavoisée pour l’occasion, ripailles, trouvères, cracheurs de feu, montreurs d’ours, jongleurs enfin tout ce qu’on peut imaginer s’agissant d’une noce royale à cette époque.

Philippe Le Bel, en signe de reconnaissance offrira à Notre-Dame de Boulogne le somptueux reliquaire du Saint-Sang que vous pouvez toujours voir de nos jours dans la crypte de la basilique.    
La mariée était bien belle, la noce était somptueuse mais hélas de retour en Angleterre Isabelle va rapidement se trouver fort délaissée par le roi son mari ! Celui-ci  préfère la compagnie de ses mignons à celle de sa femme.

Dans l’article que je citais en introduction nous rappelions que les influences anglaises dans la culture boulonnaise sont nombreuses mais, vous allez le voir, elles le sont également dans la gastronomie

Nous aimons rappeler que le premier welsh de l’Histoire aurait été mangé sur le Mont Lambert

Je dis « aurait été » car d’autres hypothèses sont avancées mais celle que nous défendons est la plus probable. 

1544 Henri VIII d’Angleterre met le siège autour de la forteresse de Boulogne et installe une garnison galloise sur le Boulemberg (actuel Mont Lambert donc qui domine la ville), 

Il pensait que le siège serait bref mais c’était sans compter sur la ténacité des Boulonnais qui vont lui opposer trois mois de résistance acharnée. 

Si bien que les gallois se trouvant à court de vivres vont devoir, à la fortune du pot faire fondre le fromage (du cheddar) sur leur pain rassit en le mélangeant à de la bière.  Le Welsh était né. 

Cette manière d’accommoder les restes, je vous l’accorde devait se pratiquer dans les campagnes anglaises quand la viande manquait, d’où d’ailleurs l’appellation complète de « welsh rare bit » ( que l'on pourrait traduire par les rares morceaux). Mais c’était première sur le continent !

Vous avouerez que la symbolique est tentante de mettre en avant ce plat devenu phare et symbole de la détermination des Boulonnais. 

Nos restaurateurs contemporains n’ont pas manqué de l’agrémenter d’une tranche de jambon, d’un œuf et souvent de frites pour le rendre plus complet et par la même occasion augmenter un peu son prix de vente

Mais ce n’est pas là l’unique héritage anglais de notre gastronomie 

Rare sont les familles de notre région qui imagineraient passer une Noel sans flamber le pudding ! Cette tradition nous reste de l’époque où 1 Boulonnais sur 5 était britannique.

Dans les années 1850, soit 15 ans seulement après le départ de Napoléon sur 31 000 habitants à Boulogne-sur-Mer, 5000 sont Britanniques et ils vont durablement influencer notre culture et nos traditions, car vous le savez l'anglais aime à conserver, où qu'il soit, ses usages insulaires.

A Boulogne, ils ont leur propres commerces, comme les pubs, par exemple. 7 médecins anglais exercent dans la ville au plus fort de la présence britannique. Cette population se divertit aussi, des pièces de théâtre sont jouées régulièrement en anglais. Les golfs et les tennis sont des héritages de cette présence.

Il y aurait encore tellement à dire sur cet héritage, et d'ailleurs nous y consacrerons prochainement 2 tôpcasts: le premier sur les bains de mer, qui nous ont été apportés, d'Angleterre également et le deuxième sur la création de la station d'Hardelot, par John Whitley.