Les micro-brasseries boulonnaises

Dans le Boulonnais aussi, nous avons des brasseries artisanales !

Qu’elles soient blondes ou brunes, les bières artisanales ont un point commun : la passion de l’artisan qui les fabrique. Dans le Boulonnais, les brasseurs n’en manquent pas de passion ! Ils la partagent même volontiers en ouvrant les portes de leur micro-brasserie au public.

Il a la bonhommie de ceux qui ont osé sauter le pas. De ceux qui vivent désormais de leur passion. André Roux ne compte pas les heures passées dans sa micro-brasserie, installée au fond de son jardin, à Saint-Etienne-au-Mont, mais il est heureux. En inaugurant l’été dernier, Flackaterre, il a donné vie à un rêve : celui de devenir brasseur.

La première fois que je me suis intéressé à la fabrication de la bière, c’était lorsque j’étais étudiant en 1998. Pendant un atelier sur la fermentation, mon professeur nous avait raconté que sa grand-mère fabriquait sa propre bière dans sa cuisine. L’anecdote m’avait intrigué  raconte-t-il.

Il y a 10 ans, André achète un kit de brassage chez un caviste. Dès lors, le biochimiste de formation s’amuse à fabriquer ses bières, il imagine des recettes. Il envahit sa cuisine, puis son garage… Son loisir prend de plus en plus de place. A tous les niveaux. La maison s’encombre, ses envies de reconversion grandissent.

Les premiers pas du brasseur

Alors qu’ils attendent leur troisième enfant, André et son épouse cherchent un nouveau logement. Le couple tombe amoureux d’une vieille maison à Pont-de-Briques. Dans le jardin, il découvre un vaste atelier de menuiserie. « Clairement, quand je l’ai vu, j’ai su que ma vie allait changer ». André quitte l’usine agro-alimentaire pour laquelle il travaille et retrousse ses manches. Il transforme, petit à petit, l’atelier en micro-brasserie. Le grenier sert de zone de stockage du malt et du houblon, le rez-de-chaussée au brassage. Pour limiter les coûts, il réemploie d’anciennes cuves qu’il adapte à son activité. Il perfectionne ses recettes (son ancien métier l’aide bien), choisit rigoureusement ses matières premières, fait des essais, fait goûter…

Du goût et du partage

En juillet 2021, la brasserie Flackaterre ouvre officiellement ses portes et montre ce dont elle est capable. La Rouflakette (une blonde à 7°), la Dupont de Brick (une ambrée typée brune à 6,5°) et la Kasspat’ (une triple ambrée à 8,8°) jouent les vedettes dans le garage transformé en petit magasin. Trois bières au caractère affirmé, pur malt, sans arôme, ni texturant. L’artisan brasseur tient dur comme fer au côté artisanal de ses bières. La vente directe ? Pour l’esprit de famille ! « Les clients viennent chez moi, c’est propice à l’échange. Nous pouvons discuter de comment sont produites les bières, du pourquoi de leur nom, de leurs étiquettes designées par une artiste locale, mais aussi de la pluie et du beau temps ! La bière, c’est le breuvage du partage par excellence. Je veux cultiver ce côté convivial ».

Le Boulonnais en toile de fond

Présentes chez les cavistes et sur certaines tables de restaurateurs, les bières de la brasserie Flackaterre sont aussi un joli clin d’oeil au Boulonnais. « Il y avait deux brasseries, jadis, à Pont-de-Briques. Je suis heureux de faire revivre ce savoir-faire. La Dupont de Brick rend clairement hommage au lieu-dit », explique le brasseur. Et le nom « Flackaterre » ? « C’est la jonction de « flaque » et de « terre ». Ça m’évoque cette irrésistible envie de sauter dans les flaques quand j’étais petit. C’est aussi un clin d’oeil à notre maison, située en zone inondable, et qui parfois nous met les pieds dans l’eau ! ».

Côté projets, si André utilise déjà le houblon qu’il cultive dans son jardin, dans des brassins éphémères, il compte à terme mener des partenariats avec des maraîchers boulonnais pour s’approvisionner en orge et en houblon localement. Le samedi, la vente directe s’enrichit d’ailleurs des légumes de Patrice le maraîcher bio des Jardins de la Courte Echelle à Saint-Etienne-au-Mont !

La brasserie des Terres d'Opale

A Baincthun, Eric Vasseur se retrouve dans l’histoire d’André Roux. Il y a un peu plus de trois ans maintenant,
ses premières bières étaient embouteillées, chez lui, dans la micro-brasserie qu’il avait lui-même installée dans une écurie de sa ferme.

"Nous avons beaucoup de points communs dans notre parcours, et défendons tous les deux le brassage à l’ancienne", témoigne-t-il. « On y met les mains ! ».

Si Eric a troqué sa blouse de professeur de technologie pour le tablier du brasseur, il aime toujours autant transmettre. Comme André, il ouvre les portes de sa brasserie Terres d’Opale plusieurs jours par semaine pour vendre en direct ses bières, et propose même des visites commentées (sur rendez-vous).

Ses Terres d’Opale sont déclinées en blonde (une à 6,6° et une à 4,5°), en triple (8,5°), en IPA (7,2°), en blanche (5,3°), en rousse (6,5°) et même à la framboise (5°).
Une bière éphémère devenue… best-seller. Quel(s) talent(s) !

La Brasserie Chromatique

Elle vient d’ouvrir ses portes à Saint-Léonard, et fait déjà parler d’elle. La brasserie Chromatique a un leitmotiv : vous en faire boire de toutes les couleurs !

Avec modération bien sûr. Lucien Leuliette et Pierre Rey, les deux instigateurs de cette nouvelle adresse, brassent des bières colorées dans la mouvance des Pale Ale, des Sour, et des IPA, très en vogue actuellement. Et la bonne nouvelle, c’est que l’on peut les déguster, directement face aux cuves (on les trouve aussi chez les cavistes et restaurateurs).

« Nous avons installé un bar de 16 mètres de long au coeur de la brasserie pour pouvoir échanger avec nos clients », explique Lucien.

Au programme donc : 4 bières permanentes enrichies régulièrement de bières éphémères qui ne manqueront pas de faire un clin d’oeil au terroir. Les deux brasseurs ont mis au point des recettes à base de betterave ou encore de carottes de Tilques.

Texte issu du Magazine OPALE & Sens 3